Crépuscule sur la Corniche, rue Saad Zagloul

 

Photos et texte ©  Iannis Kallianiotis

 

 

Nous sommes le 20 Octobre 2024. Premier après-midi libre à Alexandrie. Des chambres d'hôtes de Chatby après la sieste (nécessaire pour certains), mes pas m’ amènent à la Corniche, pour attraper quelque chose du crépuscule, peut-être quelques images d’un coucher de soleil spéctaculaire?

 

 

Le prolongement de la rue du Canal de Suez menant à la Corniche...

 

... A l'entrée de l'un des passages souterrains de la Corniche

  

 

On sort


 Face à nous de l'autre côté, le bâtiment de l'hôpital naval italien de l'architecte Alessandro Loria. Aujourd'hui, il abrite les services administratifs de l'Université d'Alexandrie. Informations de l'ami Aziz Gamal.

 

 

Fin Octobre et les gens se mettent aux tables du bord de mer

 


 

Lampadaire municipal avec une divinité                 Sculpture de l'enlèvement de l'Europe   

  ailée, la corne d'abondance et le Phare


La lumière se filtre par les palmiers de Silsila

 

 

La Bibliotheca Alexandrina nous regarde de l'autre côté de la rue

 

La lumière s'atténue

 

 

Le maïs demande aussi ses preparatifs…

 

La forteresse de Kait Bey en face est également en préparation. A partir du 26 octobre 2024, il accueille un nouveau spectacle « Son et Lumière ».

 

 

En face de lui, Romance est déjà illuminé, bien avant l'heure. Jadis club de danse, fonctionne probablement maintenant comme café-restaurant .

 

 

Café illuminé dans un autre bâtiment néo-vénitien d'Alessandro Loria

  

 

Juste à côté, "Athinéos ». Autrefois, c'était l’heure du thé-dansant avec quatuor à cordes.

 

 

 

L'horizon c’est mis en couleurs

 

 

Le temps de réfléchir...

 

 

... mais aussi de se régaler de quelques tirmis (lupins)...

 

 

 

En face se dresse le fleuron de la flotte hôtelière, le « Cecil »

 

 

 

A côté de l’hôtel stationne un buggy handur.

 Jusqu'à récemment, ils avaient tendance à disparaître. Dernièrement, il y en a quelques-uns restaurés et polis à l'usage des touristes. Jusqu'en 1980, nombreux fonctionnaient comme taxis en ville.


 


Plus loin, la façade et la porte de la Chambre de Commerce sont en cours de réstauration.

 

 

 Peu de magasins sont ouverts et quelques vendeurs ambulants  

 

 

Baudrot a ouvert une deuxième enseigne sur la rue Saad Zagloul.

                                 


Aux vitrines et à l'intérieur, des photos de princesses Ottomanes d'une beauté époustouflante, symboles d'une époque profondément méprisée. Des promesses  impossibles à tenir, nous sont faites aujourd'hui. Un commerce de nostalgie graduit.

  

 

 

 

Le « jardin » de Baudrot, arrière-cour d’anciens immeubles soignée.

 

 

 Malheureusement, ce soir-là, il y avait  match de football et les deux écrans géants, pourtant au son bas et public plutôt discret, ne permettaient pas la rêverie, si nécessaire dans un café Alexandrin.

 

 

 

Toujours sur rue Saad Zagloul, on revient vers “Délices”



 

 

 

Les grands magasins Cicurel

 À Noël, leur vitrine panoramique était... un conte de fées.

 Je me souviens en 1963 ou 1964, d'une piste d'atterrissage et de décollage d'avions lumineuse avec des maquettes exécutant des chorégraphies sur des itinéraires invisibles , faisant décoller notre imagination d'enfants.

Les Cicurel étaient des Juifs Séfarades de Constantinople, arrivés à Alexandrie en 1890.



 

 

 

“Shick”, nouveautés pour hommes



 

L'immeuble en face des magasins grecs « Minerva » de la famille Kassimatis. Je me demande... Pourquoi je ne les ai pas photographiés ? Ils sont en excellent état, bondés de marchandises. Peut-etre j’ai vu ça, comme une indiscrétion... Hypersensibilités Alexandrines...




Nous sommes en contact visuel avec la Pâtisserie - Restaurant "Délices", si brillamment dirigée par Aliki Antoniou, … lorsqu’une des merveilleuses portes de cette rue attire notre attention.

 Les okélles (ouakâlla – immeubles) du centre d'Alexandrie sont certainement différentes les unes des autres, mais elles ont deux choses en commun. Un extérieur abandonné à une certaine misère et la richesse architecturale et stylistique des entrées. Certaines sont surprenantes surtout si on s’aventure en allant de l'avant et même en montant quelques étages.

Tout dépend des survies, et les survies dépendent des gens. Beaucoup d'Alexandrins Egyptiens s'en souviennent, beaucoup désirent aussi la survivance d'un esprit, d'une atmosphère, d'un aspect, presque toujours lié à un passé européen.

Après tout, n'est-ce pas ce qu'était Alexandrie entre 1860 et 1960 ? Une colonie du goût à l'européenne.

L'Égypte possède déjà les vastes richesses architecturales Arabes du Caire. La survie des tempéraments Alexandrins ne l'enrichirait-elle pas encore plus ? C'est ce que pensent de nombreux Alexandrins et autres Egyptiens, et les efforts se multiplient.

Ainsi, en nous promenant un soir d'Octobre 2024 sur la rue Saad Zagloul, autrefois une avenue de boutiques de nouveautés et de luxe, nous observons les portes d'entrée monumentales, où la poussière en couches, est aussi une forme de protection et ceci, depuis des décennies, 

Il est tard, les boutiques sont fermées et toute illusion de vitalité est absente. Quelques vieillards et préadolescents se trouvent allongés sur les trottoirs, le regard fixe.

Heureusement nous sommes deux, moi un genre d'ado âgé, un peu surpris et éternellement naïf et Georges Dayanti toujours bienveillant, souriant, avec sa barbiche blanche qui assure une certaine tolérance interreligieuse.

  

 

Saad Zagloul No 32

 

 

Siège des compagnies maritimes KADMAR, qui se sont occupées de la restauration et de la mise de cette entrée. Leur gardien veille.

 

 

On reste sans voix pendant quelques secondes...

 

  

                             Gauche                                                              Droite

Statues des 4 saisons en marbre  dans des renfoncements coloriés aux couleurs audacieuses.

  

 

 

 

 

 Permettez-moi de rappeler que des statues similaires existaient dans les jardins Antoniades d’Alexandrie et sont maintenant exposées dans le petit musée de la Bibliotheca Alexandrina.

 

                    

 

                      

                   

                Les quatre saisons en marbre des jardins Antoniades à la Bibliotheca Alexandrina

 

 

L'ascenseur

      

        

 

Nous montons l'éscalier de marbre

 

 

  Les arches impressionnantes, les fenêtres monumentales des lucarnes

 

       

 

 

Les plaquettes de bronze poli

 

  

 

La sortie

 

 

Nous entrons au numero suivant, le 30

 

 

Une conciergerie rapellant un sanctuaire islamique

 

 

On avance

 

 

 

Au médecin avec l'ascenseur. Raisonnable. Mais à quel étage ?

 

 

 

Montons les escaliers

 

 

La sortie vue d'en haut

 

   

 

Juste à côté, peut-être au No 28, le Sailors' Club était jadis au centre-ville, probablement près du Mohammed Ali Club. Maintenant, il est installé ici.

  

 

 

Depuis le “Délices » voisin, le drapeau Grec nous fait signe... Nous gravissons l’escalier…

 

       

 

Le Club est au deuxième étage

 

 

La porte du premier étage, peut-être un lieu d’hébergement du Club, jadis.

Juste après l’entrée du 2ème étage, un billard doublé de feutrine bleue... un rappel de la mer ...

 

 

 

Deux salons avec mobilier Art déco et quelques abat-jours. Fenêtres ouvertes avec vue sur  mer.

 

 

Il y a aussi un restaurant... On nous dit que la fréquentation a beaucoup diminué.

Cependant, il avait quelques petits groupes, un ou deux couples.

 

 

 

Ça n’a pas pu nous retenir …

 

 

Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'ancien hôpital Grec de la rue Sultan Hussein avait été transformé en Club de la flotte (Anglaise).

Extrait du livre de Michael Haag « Vintage Alexandria », AUC Press.

 

 

 

Nous sommes passés par "Délices", toujours accueillant... mais qui n’est pas accueillant à Alexandrie...  il était un peu tard pour un vrai repas...

 

 

Nous sommes passés de l'autre côté des tramways.

 

 Plein de bouapas (portes d'entrée) ouvertes


Petit glossaire

 Bab = porte

Bawab = concierge

Bawaba = bouapa, conciergerie

 

 

 

 

 

Comment ignorer Loria... Même si la restauration rapide s’y est installée…

 

 

C'est là, que se trouvaient les bureaux d'Olympic Airways.

Nikolas Stamatiadis, Nikolas Tzilalis et Myrto Pitta nous font signe...

  

 

À côté, une porte d’inspiration islamique s'ouvre

 

 

 

L'ascenseur, imposant ...         Ses fers forgés sont presque ecclésiastiques...

  

 



 

 Réconfortant... Les boîtes aux lettres en bon état et une poussette, signe d'un nouveau né !

  

 

Et si on prenait quelques fruits ?     Bah, non...

 

 

L'escalier et la porte de l'ancien Gouvernorat Britannique...

Mis à feu en 1967



Enfin, arrivés à bon port... au jardin de l'Union Athlétique Grecque,

 une Stella et des chips... faites maison svp

  

 

De là, il ne me restait plus qu'à traverser le stade...

 

 

Passer par le Lycée Averoff, bien éclairé...

 

 

 

Le jardin du Benaki, qui n'est pas sans rappeler celui des Finzi-Contini...

 

  

 

La grande cour avec la salle de sport et la cantine...

 


 

La soupe populaire Benaki, toujours en fonction pour les nécessiteux

  

 

Manna et ses chambres d’hôtes, en arrière-plan

 


Le jardin des chambres d'hôtes

 

Et les draps au chiffre de la Communauté Grecque d’Alexandrie

 

 

Texte et photos © Iannis Kallianiotis

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