Musée des Bijoux Royaux, Alexandrie, Egypte
Texte et photos ©
Iannis Kallianiotis
Un Musée de
Bijoux Royaux à Alexandrie ad Aegyptum ? Comment ? Dans une ville qui
a cessé d’être Royale, d’être Capitale d’Egypte depuis 30 A.C. et la défaite à
Aktion de sa dernière Reine et Pharaonne Cléopâtre ?
Pourtant l’aura
cosmopolite du 19eme et la première moitié du 20eme siècles, de cette ville
fondée par Alexandre le Grand et ressuscitée par
Mohamed Ali et ses « invités » Européens, persiste et signe avec une
grande partie de sa scénographie magnifique encore en survie.
Beaucoup de
« Palais » d’antan, en réalité des hôtels particuliers luxueux, subsistent amputés de leur parc, où des immeubles de 15 voire 20 étages
sont construits. Un group assez compact de ceux-là, se tient au Quartier Grec de la ville avec
les demeures Bénaki, Salvâgo, Rôllo ou Sûrsok. Mais beaucoup de beautés
architecturales existent encore dans les banlieues jadis vertes et cossues de
Zizinia, Bulkley, Roujdi ou Glymenopoulo.
La prochaine
photo nous montre l’extérieur d’une élégante villa de style néo Romain. Elle a
une garde de haute sécurité et pour cause. Elle abrite le Musée des Bijoux
Royaux. Elle est séparée du bord de mer de quelques hauts immeubles,
probablement construits dans son ancien parc.
A l’entrée du jardin on passe par un détecteur de métaux et on achète notre billet
électronique, uniquement par carte bancaire, comme dans tous les sites
touristiques en Egypte.
La villa appartenait à Nabila (titre nobiliaire) Fatma Haidar, issue de la famille de Mohamed Aly, fondateur de la dynastie régnante de 1805 à 1952 en Egypte. Son père était le Prince Aly Haidar Sannassi, éminent scientifique et poète, sa mère Zeinab Fahmy, fille de Aly Fahmy Pacha, grand propriétaire terrien et sœur de l’architecte Aly Fahmy.
Sa mère a commencé la construction de l’aile ouest de la villa en 1919.
Après son décès, sa fille a construit l’aile est, tout en connectant les ailes
avec un couloir portant deux séries de portes fenêtres ornées de vitraux, narrant
une histoire d’amour et mariage dans la noblesse italienne du 18eme siècle.
L’architecte
Italien Antonio Lassiac et son équipe se sont inspirés de l’architecture Grecque
et Romaine, tout en utilisant des symboles Byzantins et des éléments de décoration,
baroque, renaissance ou rococo, un mélange d’intentions qui démontre la
tendance d’une partie de la classe dirigeante Egyptienne, de regarder, comme la
ville d’Alexandrie, vers l’Europe.
La villa terminée
en 1923, s’étend sur 4.185 M2, jardins inclus.
Elle était utilisée
comme résidence d’été jusqu’en 1952, année de la révolution qui a renversé la
Monarchie. Depuis, la propriétaire n’a pu garder que l’usufruit. En 1964,
partie vivre au Caire, elle en a fait don à l’état Egyptien.
La villa devint résidence d’été Présidentielle, jusqu’à 1986, quand par décret elle se transforma en Musée des Bijoux Royaux. Y sont exposes des bijoux Royaux et des objets précieux appartenant aux membres de la Dynastie qui a régné sur l’Egypte de 1805 à 1952).
L’entrée de l’aile est, fermée de nos jours.
L’aile est, le corridor orné de vitraux.
Les parquets en
marqueterie de palissandre, chêne, acajou, noyer de Turquie, bois de rosier.
Le plan de la villa.
Rez de chaussée, et premier étage
En fait, au rez
de chaussée, l’aile ouest, le corridor et deux pièces seulement de l’aile est,
sont ouverts au public, tandis qu’au premier étage seule l’aile ouest est
visitée. Du plan on peut imaginer qu’une salle de bal est abritée dans l’aile
est.
Premier espace de réception, à droite de l’entrée.
On expose ici des objets en or, ou plaqués or, appartenant au Roi Farouk.
Suit, un espace
de réception longiligne qui mène à deux autres salons et communique à droite
avec le corridor des vitraux.
Bijoux en perles et pierres
semi-précieuses
Parure de perles, diamants et rubis
de la Reine Nariman, deuxième épouse du Roi Farouk et mère du Roi Ahmed-Fouad.
Au fond à gauche, un
autre salon
Des vitrines discrètes et une multitude de bijoux de provenances diverses
Collier-diadème en or et
bijoux de provenance Indienne.
Perles et pierres
précieuses de face, émaux multicolores à l’envers.
Portrait-miniature d’une des
épouses Khédiviales.
Peigne avec méandre en diamants. Sur
sa boîte, le monogramme et la couronne Perse de l’impératrice Fawzia, sœur du
Roi Farouk.
Ce bijou nous donne l'opportunité de visiter un peu l'histoire de la plus belle des soeurs du Roi Farouk, de leur mère et de leurs bijoux qui ne sont pas exposés ici, victimes des vicissitudes de la dynastie.
Plaque de cou en résille de diamants, avec Fawzia
calligraphié en Arabe.
Devant, deux montres de soirée en diamants. Une d’elles
porte le monogramme arabe Faw en saphirs calibrés.
On retourne au premier salon à
gauche de l’entrée
Deux parures de la Reine Farida, première épouse du
Roi Farouk, une en brillants, l’autre en brillants et aquamarines. Les deux colliers sont
transformables en diadèmes.
Bijoux en brillants, saphirs
calibrés et émail noir. Le bracelet à droite peut être porté en bandeau.
Bijoux en or, coraux et brillants.
Nécessaire en émail et saphirs.
Possibilité de porter ce bijou en collier de chien ou diadème-bandeau.
Boite en jaspe et diamants avec le portrait de la Reine Farida.
Collier et boucles d’oreilles en or, incrustées de pierres dûres avec la technique romaine de micro-mosaïques, cadeau à la Reine Farida.
Bague et collier d’inspiration
pharaônique
Parure à coraux, selon la tradition napolitaine du 19eme siècle. A gauche grande broche, collier, boucles d’oreilles. A droite diadème et trois broches.
Puis, on traverse le corridor à vitraux
Dans des vitrines, des décorations du roi Farouk ornées de diamants
Grand collier à seize éléments on or et email, orné de diamants et émeraudes cabochon.
Les vitraux
Couleurs vives, cependant le rendu artistique laisse à désirer.
A la fin du couloir, deux espaces de dimensions
moyennes, où sont exposés deux diadèmes, un avec
son bracelet, l’autre avec ses boucles d’oreilles.
Elle porte le diadème dit « aux paons », sa triple rivière de
diamants de chez Boucheron et des longues boucles d’oreilles exposés avec ses
deux autres parures.
Née Safinaz Zulfikar de famille aristocratique d’origine Turque, elle fut nommée Farida à 17 ans après son mariage avec le Roi Farouk le 20/1/1938.
Extrêmement populaire, elle a donné trois filles au Roi, les Princesses Férial, Fawzia et Fâdia, mais pas le fils et héritier tant désiré. Divorcée en 1948 et séparée de ses filles, elle a entamé des études de Beaux-Arts en France.
Peintre de talent, elle a exposé dans des capitales Européennes et Arabes. Décédée en 1988.
Parure en diamants blancs et jaunes de la Reine Farida.
Les fleurs sont détachables et peuvent se porter en broches.
Montons à l’étage
L’escalier menant à l’étage
Service de thé en or et porcelaine
Un couloir mène à l’endroit le plus emblématique de cette maison, un lieu de purification du corps, comme de l’âme, via les arts…
On y est introduit par une mosaïque dans les nuances subtiles gris-bleu et or, entourée d’une guirlande de fleurs portant aux quatre coins le monogramme FΗ.
L’éspace se visite par un pond protecteur en plexiglas.
Adultes et enfants semblent avoir échappé d’un défilé de Jeanne Lanvin…
Au vitrail du plafond Venus (ou peut-etre FH ?) se fait une beauté avec l’aide des amours ailés et son assistante probablement Nubienne, à la peau bien mate.
Bien raffraichis auprès des nymphes et des flamingos, on peut retourner au luxe materiel…
Jeu d’échecs, présent du Prince Héritier de Perse, futur Shah, au Roi Farouk, à l’occasion de son mariage avec la sœur du Roi, la Princesse Fawzia le 15/3/1939. Or, émaux, diamants, pierres précieuses et semi-précieuses.
Bâton de maréchal du Roi Farouk, probablement en ébène, extrémités en feuilles de lotus en or. Applications du blason Royal (croissant et trois étoiles) en or. D’une part et d’autre, des jumelles en or, agrémentées de diamants.
Set de bureau du Roi Farouk en argent gravé et émaillé d’une technique proche des Fabergé.Autres accessoires de bureau en or et lapis lazuli.
Seul regret, l'absence de photos des prémières propriétaires de la villa
Pour clôre, on donne la parole à la Princesse Névine Abbas Halim, qui dans ses mémoires "Diaries of an Egyptian Princess, 2009, éditions Zéitouna, Le Caire", déclare:
"Il semble qu'il y a trés peu de choses dans ce pretendu Musée des Bijoux Royaux à Alexandrie"...
Evidemment, quand on a vu et connu les splendeurs qu'elle en a été temoin...
Voici une seule photo de son livre